David Kassar, vous avez évoqué, à de nombreuses reprises déjà, les enjeux et les opportunités de l’internationalisation pour les PME et les ETI. [1]
Aujourd’hui, quel regard portez-vous sur l’évolution de la situation actuelle et comment faire pour créer les meilleures conditions pour les PME et ETI afin de franchir le cap ?
Quels sont les freins évoqués par les PME et les ETI à leur internationalisation ?
Le premier frein, et c’est toujours vrai aujourd’hui, c’est la langue. Les Français savent plus ou moins converser en anglais, mais ne possèdent pas, très souvent, le vocabulaire nécessaire au Business English. Ce « manque à parler » constitue un véritable problème pour la plupart des dirigeants de PME et ETI qui ont, en conséquence, des réticences à échanger avec leurs interlocuteurs. La différence de culture est le second frein. Or, selon la culture et le contexte économique, les affaires ne sont pas menées de la même manière. D’où l’importance de mettre en place un management interculturel, dans tous les pays. Le troisième frein résulte dans le financement de cette internationalisation. Travailler à l’International a un coût, requiert du temps et souvent les dirigeants de PME et ETI s’essoufflent avant d’aboutir. Car franchir le cap de l’internationalisation ne s’improvise pas, cela s’organise en amont avec un business plan, une étude de marché pays/produits, une veille de la concurrence, des acteurs clés, … Cette préparation est indispensable.
Est-il plus simple, dans un premier temps, pour les PME et les ETI de viser un pays francophone ?
En effet, s’établir dans un pays ou une zone francophone permet de sortir de sa zone de confort tout en n’étant pas totalement déstabilisé par une nouvelle langue, un environnement culturel trop différent. C’est un point crucial pour celui qui s’établit pour la première fois en dehors de la France : dirigeants et collaborateurs gardent ainsi un niveau de confiance et d’aisance nécessaire à l’établissement d’un nouveau projet. Il est également plus simple, dans les pays francophones, d’identifier et de qualifier un premier client, celui qui deviendra une référence et donc un leader d’opinion pour communiquer les savoir-faire de l’entreprise. En outre, les pays francophones constituent de très belles portes d’entrée vers l’International. Le Québec est une porte d’entrée vers le Canada, qui elle-même est une très belle porte d’entrée vers les territoires nord-américains et l’Amérique du Sud ; le Maroc vers le Maghreb ; la Côte d’Ivoire vers l’Afrique de l’Ouest ; Djibouti vers l’Afrique de l’Est ; le Vietnam vers l’Asie du Sud-Est, … La francophonie est incontournable pour un premier pas vers l’International. Elle offre également de belles opportunités de croissance : selon l’Organisation Internationale de la Francophonie, (le nombre de francophones établis sur les cinq continents est estimé à 321 millions. Un chiffre qui pourrait être porté à plus d’un milliard d’ici à 2065. Et Le français, déjà 5ème langue mondiale, devrait donc encore progresser.
Quels avantages pour les PME et ETI à s’internationaliser ?
L’internationalisation est un relais de croissance pour les entreprises. Bien pensée en amont, elle s’accompagne d’une augmentation du chiffre d’affaires. Rester en France sans jamais se projeter est une erreur, il arrive toujours un moment où le marché ralentit, s’essouffle. En outre, il est important d’innover, et quand on dépense beaucoup d’argent en recherche et développement, en marketing, en communication sur un marché, il serait dommage de ne pas en profiter pour essayer de conquérir d’autres marchés et de tester ses dernières avancées technologiques sur de nouveaux terrains de jeu. C’est aussi une manière d’accélérer ses processus d’innovation et de gagner en agilité en se confrontant à une concurrence nouvelle. Capter l’innovation à l’International permet d’améliorer son business model, son approche, de repenser des business case, le marketing, la communication. L’internationalisation pousse l’entreprise à remettre en question la chaîne de valeur de ses produits et de ses services dans son intégralité.
Quels sont les outils de soutien disponibles pour aider les entreprises à se développer à l’international ?
En France, il existe de nombreux outils de financement et d’accompagnement des PME-PMI et ETI. Business France propose des rencontres B2B, la BPI du financement, la CCI France International des accueils B2B, les Régions françaises organisent des délégations, des outils financiers. Être bien accompagné peut être un catalyseur et accélérateur d’affaires en francophonie, porte d’entrée vers l’International. Car la plus grande difficulté des entrepreneurs, une fois qu’ils ont décidé de sauter le pas est souvent de trouver la bonne manière de s’y prendre. Ils s’interrogent sur ce qu’ils peuvent demander, à qui, comment ? Cette réflexion, et validation parfois sur le terrain, peuvent prendre de six mois à deux ans. Tout dépend de la maturité du projet, de la volonté et de la capacité d’adhésion des équipes. Ainsi, si la démarche d’internationalisation en interne est mal expliquée par l’équipe de direction, celle-ci se heurtera à des freins compréhensibles, rendant plus complexe, voire difficile, un développement à l’International.
[1] Le Monde
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