C’est la réflexion qui vient à l’esprit, lorsqu’on regarde les chiffres de la réindustrialisation en France et le débat qu’elle suscite.
D’un côté, selon Trendeo notamment, entre avril et août, les fermetures de site ont été plus nombreuses que les ouvertures. La France aurait perdu 10 usines sur la période. Sur les six premiers mois de l’année 2024, seuls 18 nouveaux sites ont vu le jour, un chiffre en baisse de 30 %.
De l’autre, le baromètre industriel de l’Etat souligne que le solde entre les créations et les fermetures d’usines reste positif cette année encore. En effet, sur le premier semestre 2024, il y aurait « une hausse modérée des ouvertures et extensions de sites industriels, avec 36 ouvertures nettes ». Il reste que si on ne prend en compte que les ouvertures et fermetures de sites, sans les extensions et réductions, le solde passe en négatif à -8. De plus, ce chiffre est bien loin des soldes de +176 et +189 mesurés par le même baromètre pour 2022 et 2023.
Au-delà du débat sur les chiffres, quelle est la tendance de fond ?
La dynamique de réindustrialisation en France semble bien s’essouffler. Depuis ces derniers mois, les fermetures de sites s’accélèrent. En octobre, 13 projets de création d’usines ont été recensés par Trendeo, avec dans le même temps 16 fermetures. De plus, ce qui est nouveau, 2 à 3 fermetures de sites par semaine de plus petite ampleur sont annoncées dans des PME ou des ETI.
En cause : baisse de la productivité du travail, manque de compétences et d’investissements dans les technologies et les secteurs générateurs de croissance, manque d’attrait et de soutien pour les industries primaires, écarts de compétitivité externe, coûts de l’énergie, contraintes réglementaires et environnementales, …
Alors que, dans son récent rapport sur la compétitivité européenne, dont les dirigeants des 27 pays de l’Union Européenne viennent d’adopter la feuille de route, Mario Draghi dressait le constat détaillé des faiblesses de l’industrie européenne et appelait à une nouvelle stratégie industrielle à l’échelle européenne, la réindustrialisation devrait être perçue, en France, comme un enjeu fondamental, sur le plan économique, social et environnemental.
Et n’oublions pas non plus que deux tiers du potentiel de réindustrialisation se trouvent dans les ETI et les PME, qui irriguent nos territoires et créent de nombreux emplois directs et indirects.
Dans tous les cas, le chemin sera long et la persévérance d’autant plus nécessaire.
[1] Baromètre industriel de l’Etat, Novembre 2024
[2] La France recommence à perdre des usines
[3] Fermetures d’usines : La réplique chiffrée du gouvernement
[4] Fermetures d’usines : Les trois racines du mal français
[5] Productivité : Comment l’écart s’est creusé
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